J'ai 46 piges. Encore boutonneux, j'ai eu mon permis en 1988, à l'époque ou les radars n'existaient pas. Enfin quasiment pas. De très rares barbecues blancs que l'on repérait à 800 mètres. Le permis à point n'existait pas non plus. A cette époque, la route pour moi (et bien d'autres) était un circuit. Je roulais en permanence à 150 sur les petites départementales à bord de ma Clio 1,4 litres essence. Parfois, mon frère me prêtait sa Super 5 Baccara, ou alors mon père sa BX GTI et là, j'étais en mode cerveau off. Jeune et con, il m'arrivait aussi parfois de rouler fort avec un petit coup dans le nez. En Saône et Loire (comme ailleurs), le vin est bon, et quand on est jeune..A cette époque de légèreté, la voie de gauche sur l'autoroute était réservée aux véhicules roulant vraiment vite. Au minimum à 150/160. Valait mieux pas trop s'y aventurer en super 5 five à 130 pile, sinon gare à la grosse BMW arrivant à 180 qui vous pousse à grands coups d'appels de phares. Et puis un jour un pote à moi en revenant de boite de nuit est mort. Il était passager d'une 205 GTI que son cousin conduisait. Ils se sont enroulés autours d'un arbre. Calmé pendant un certain temps, je suis vite revenu à mes habitudes. Super 5 GTX puis 205 GTI 1900, puis une autre 205 GTI vidée avec ligne complète devil, une Clio 2 RS 172, puis une Clio 2 RS 182 châssis sport....Bref tout cela pour dire que des sportives dont j'ai limé les pneus au bout d'à peine 8000 kilomètres, j'en ai eu moi aussi. Sans parler des motos : Rg 500, 1200 Vmax débridée, 1200 Bandit S, Honda VFR (Vtec et RC46D)...Avec le recul quand j'y pense, j'ai eu de la chance de passer cette époque sans encombre. Et également de n'avoir blessé personne.
L'arrivée des radars automatiques en 2003 marqua un changement d'époque sur le réseau routier. A partir de là, tous les ans ils étaient plus nombreux. La boule kaki Mesta 208 changeait déjà la donne. Puis ensuite, tous les ans, les radars automatiques poussaient de plus en plus. De nouveaux modèles pleuvaient également (feux rouge, tronçon, laser mobile, etc..). La route n'était plus le circuit de jeu que j'avais connu dans ma jeunesse. Celui sans risque important de se faire attraper. D'autant plus que le permis était dorénavant à points. Parallèlement je prenais de l'âge, du poil au menton, et je ne roulais plus en prenant autant de risques. Ce qui n'empêcha pas en 2010 sur une route de campagne déserte que je connaissais parfaitement (terrain de jeu habituel), de me faire prendre aux jumelles planquées dans les bois à 144 au lieu de 90. Là j'ai eu droit à 45 jours de suspension permis. Immobilisation sur place et 6 points en moins. Obligation d'une visite médicale pour récupérer mon permis. Un an après, jugement avec une sanction de 3 mois de suspension et 400 euros d'amendes. J'ai dû aller restituer mon permis une seconde fois au commissariat de mon quartier. A pieds pendant de nouveau 45 jours un an après, ça fait tout drôle. Cette histoire m'a bien marqué. Pour mon travail et ma vie quotidienne, être à pieds pendant 3 mois ne fût pas une partie de plaisir. Pour autant, j'ai toujours en moi l'amour des voitures de sport. Mais je ne les appréhende plus tout à fait de la même manière. La plupart du temps je roule dans les règles. Je profite surtout des reprises et des accélérations, mais terminé le 150 sur les départementales. Et encore moins le 180 sur les autoroutes (ou les contrôles sont rois).
Il y a deux ans avec la MRS3, sur une portion limitée à 110, je décide de doubler rapidement un camion pour ne pas risquer de prendre de graviers. J'étais seul avec le camion sur cette route à ce moment là. Et bien bingo, au dessus du pont 800 mètres plus loin, je vois un Gendarme debout avec des jumelles sur trépied. C'était pour moi. Au loin, la MRS3 bleue de la BRI démarrait de la bande d'arrêt d'urgence pour m'indiquer de la suivre à la première sortie. 137 retenu au lieu de 110. Donc amende et points en moins en rapport. Heureusement que j'ai pas eu le pied lourd, sinon j'étais de nouveau à pieds.
Chacun est majeur et vacciné. Je ne porte de jugement sur personne. Ni sur ceux qui continuent à allumer sur le réseau routier et/ou sur ceux qui pratiquent le circuit. Chacun à son approche personnelle de sa voiture et en fait ce qu'il en veut. Moi le circuit c'est pas mon truc. J'ai pas envie d'y consacrer le budget que sa pratique représente (pneus, usure des suspensions, trains, etc...). Si je croise une BMW M3 ou une Porsche biturbo à 90 sur les nationales, je ne me dît pas que forcément son propriétaire est un frimeur ou un branleur. Je ne me dît pas non plus que pour cette vitesse, il ferait mieux de rouler en Berlingo. Je me dît que le gars se fait plaisir à rouler dans un véhicule non lambda, mais que prudent, il n'a pas envie de se retrouver à pieds. Et je peux le comprendre, car c'est pour mon cas la raison principale qui explique ma si faible consommation de pneus aujourd'hui
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